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Hiwar RTM: Autonomie, la solution unique pour le probléme du sahara
Question: Vous êtes un responsable principal dans la gestion de la chose locale et un ancien ministre pour les affaires sahariennes, comment n'avez vous pas pu nous convaincre, effectivement, que le 25 mars est une date séparant deux étapes ?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Il est vrai que le 25 mars est une date historique pour ce qui est de la question du Sahara, pas uniquement pour les Sahraouis, mais aussi pour le Maroc dans son ensemble.
C'est, en effet, la première fois que le Roi du Maroc déclare et décide l'autonomie afin de tourner la page de cette question de manière défmitive.
C'est aussi l'expression d'une réconciliation historique entre les Sahraouis et l'administration marocaine. TI y a un avant et un après 25 mars dans la mesure où une nouvelle page a été ouverte sur la voie de l'édification d'un Maroc nouveau, dans la réconciliation entre ses fils, en éradiquant les séquelles du passé qui ont créé la question du Sahara.
Question de M. Alaoui : Depuis une trentaine d'années, la question du Sahara souffre d'erreurs de gestion. Dans plus d'une déclaration, vous avez, en effet, affirmé que les protestations et les grèves sont le résultat naturel de problèmes économiques et sociaux.
Vous avez été Président du Conseil municipal de Laâyoune et les citoyens veulent des logements décents, l'accès aux services sanitaires, à la scolarisation, entre autres. Tout cela est dans vos cordes et ces protestations auraient pu être traitées grâce à votre qualité de Président du Conseil municipal de Laâyoune.
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : En vérité, la question du Sahara ne relève pas de la résolution de questions sociales, et encore moins d'une question de logements. La question du Sahara date de 1975 et a connu des étapes différentes, dont celle de la guerre de 1975 à 1991.
C'était une période de guerre et d'affrontements quotidiens. Puis, il y a eu la période du cessez-le-feu et de l'identification. Cette étape a connu un relâchement qui a abouti aux problèmes dont vous parlez.
Question de Anouzla : Si vous permettez, je reviendrai à la question des nominations. Quand le Conseil a été institué en 1981 par feu SM Hassan II, la question du Sahara passait par une étape critique, surtout après que le défunt roi eut décidé le principe du référendum qui a fait l'objet de désaccords de la part de certains partis, dont l'USFP.
Feu SM Hassan II a eu recours à son statut de Commandeur des Croyants et a décidé la création de ce Conseil. Mais 25 ans après, et sept ans après le discours de SM le Roi (1999), après les événements qu'a connus la ville de Laâyoune, on a commencé à évoquer les élections.
Pourquoi ce recul, à votre avis, dans la mesure où le Conseil aurait pu acquérir une plus grande crédibilité, représentativité et popularité à l'intérieur des provinces du Sud?
Intervention de Mustapha Alaoui : Si vous permettez, je veux ajouter, afm que vous puissiez répondre aux deux questions de mon confrère Anouzla, vous avez été nommé par SM le Roi et vous ne dépendez ni du ministre de l'Intérieur ni du Premier ministre.
Quelles sont les critères de persuasion que vous allez adopter, M. le Président, afin que vous puissiez avoir l'adhésion des Sahraouis dans les provinces du Sud et ceux qui sont à l'intérieur.
Plusieurs parmi eux se disent marginalisés alors qu'il s'agit de convaincre la communauté internationale qui est l'interlocuteur actuel. Vous avez en effet plusieurs défis à relever, M. Khalihenna.
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid à Ali Anouzla : Les attributions de l'ancien Conseil sont bel est bien terminées depuis longtemps. Ce Conseil a été élu pour 3 ans et sa mandature a été prorogée à un moment donné, mais ses attributions sont terminées.
Par conséquent, le nouveau Conseil n'a aucun lien avec l'ancien. Le nouveau Conseil a été institué sur la base d'une politique déterminée visant la préparation des conditions politiques, économiques, sociales, diplomatiques et psychologiques en vue d'instaurer l'autonomie.
C'est pour cette raison qu'il n'est pas une instance élue, mais plutôt une institution royale, nommée auprès de Sa Majesté le Roi pour mettre en œuvre ce projet royal grandiose.
Question de Anouzla : Ne croyez-vous pas que le fait d'être élu confère une force encore plus grande que la désignation ?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Certes, mais l'élection viendra plus tard quand il s'agira d'assurer aux habitants la gestion de leurs affaires, dans le cadre de l'autonomie. C'est, en effet, une institution royale, un outil royal pour mettre en œuvre une politique déterminée pour une période déterminée.
Bien qu'il soit nommé, le Conseil reste le représentant authentique de toutes les composantes, car les personnes qui y figurent représentent leurs tribus et leurs régions.
Ce sont des personnalités connues qui jouissent d'une influence morale, personnelle et historique. Il n'est pas constitué de gens inconnus, mais d'hommes, de femmes et de jeunes qui ont un poids au sein de la société sahraouie.
Le CORCAS est une institution officielle nommée auprès de SM le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, pour œuvrer à la réconciliation définitive entre les Sahraouis, car il existe un problème au cœur de la question.
Si on n'arrive pas à le résoudre, la question du Sahara demeurera en suspens. C'est pour cette raison que les Sahraouis doivent accompagner avec spontanéité et avec leurs cœurs et leur soutien ce projet royal visant l'unité finale afm de tourner la page sur le dossier du Sahara.
Nous avons un problème entre nous, avant d'en avoir avec les Nations Unies et les autres. Il y a un problème qui date de 1972. Pourquoi le front Polisario a-t-il été créé? Parce que la crème de lajeunesse sahraouie qui étudiait à l'université Mohammed V à Rabat a été traitée d'une manière inappropriée lors des manifestations de Tan Tan.
Elle a été torturée. Ils étaient originaires de la région de Goulmim, Tan Tan et Assa. Ce sont les Sahraouis qui vivaient dans le Maroc libre, avant 1975, qui ont crée le Polisario.
Pourquoi les jeunes qui ont suivi leurs études dans les facultés de lettres, de droit, de médecine et dans d'autres établissements nationaux créent-ils une organisation économique, alors que les autres Sahraouis qui enduraient les affres de la colonisation, qui ont étudié en Espagne et ne se trouvaient pas au Maroc libre ont-ils pris le chemin inverse? C'est le fond du problème. Si l'on n'arrive pas à résoudre cette problématique fondamentale, historique et originelle, la question du Sahara ne sera pas réglée.
Le journaliste: Pensez-vous que votre réponse puisse convaincre l'Algérie, car la question a été créée de toutes pièces par l'Algérie?
Réponse de M. Khalihenna Ould Erracbid : C'est là une déduction erronée. Je ne dédouane personne. Moi, je parle de notre cause, la question du Sahara qui est essentiellement une question interne maroco-marocaine, puis après viendront les répercussions sur le plan international.
Le journaliste : V ous affirmez que le problème est maroco-marocain et non maroco¬algérien. Pourquoi alors a-t-on souligné, durant ces années, que la question du Sahara est un conflit artificiel comme l'a affirmé SM le Roi dans son dernier discours ?
OuId Erracbid : Je reviendrai sur cela.
Le journaliste : Et pourquoi dit-on continuellement dans le discours officiel et dans celui des forces nationales que le problème est maroco-algérien ?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Je vais vous dire pourquoi. Parce que lorsque le front Polisario a été constitué, à Zouérate en 1973, il a été au début parrainé par la Libye puis par l'Algérie pour des raisons différentes.
Parce qu'il y avait un différend entre l'Algérie et le Maroc portant sur l'adoption de l'accord sur les frontières.
Le Maroc n'ayant pas adopté, à l'époque, les accords d'Ifrane et de Tlemcen, ce qui a crée le doute en Algérie.
La tension régnait entre les Etats é;lfabes et la guerre froide battait son plein. Le Maroc, de son côté, était considéré comme une monarchie réactionnaire alors que d'autres Etats se considéraient comme progressistes.
Toutes ces idées se sont par la suite effondrées. Mais le problème sahraoui est, au fond, un problème interne qui a connu, plus tard, des interventions étrangères.
C'est pourquoi nous devons, en tant que Marocains, résoudre notre complexe interne et créer la réconciliation historique. Ce qu'a fait SM le Roi Mohammed VI, et qui n'a été fait par aucun autre roi avant lui, c'est la réconciliation interne à Laâyoune, et non à Rabat, Fès ou Agadir.
Sa Majesté est venue à Laâyoune pour dire aux Sahraouis que ce qui s'est passé est révolu et qu'une nouvelle page est ouverte pour y écrire ce que vous voulez. Et que cette page soit inscrite à l'intérieur de la souveraineté marocaine.
Mohamed Iyyadi : V ous avez déclaré, immédiatement après votre nomination, que le discours royal du 25 mars était une réconciliation historique entre l'administration et les gouvernants des provinces du Sud, ce qui veut dire qu'il y avait une dispute. Quelles sont les causes de cette dispute?
Deuxièmement, vous avez dit qu'entre 1991 et aujourd'hui, il y avait eu un vide politique qui a crée des problèmes. Quelles sont les causes de la dispute et du vide politique?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Les disputes avec les différentes administrations, et pour différentes raisons, remontent à 1956. Les Sahraouis n'ont jamais senti qu'ils étaient traités convenablement, que leur place au sein du Maroc était assurée et qu'ils jouissaient du respect nécessaire.
Ce sont là les causes du différend initial qui a conduit à la création du Polisario. Après la libération, c'est à dire après 1975, il Y avait eu également des problèmes, il y avait eu confiscation de la volonté des fils du Sahara qui étaient soumis à une lourde tutelle, ce qui avait donné lieu à un manque de confiance et à des problèmes politiques.
La réconciliation dont nous parlons après le 25 mars est concrétisée par la venue de la plus haute autorité du pays, SM le Roi, garant des libertés des personnes et des groupes, chez les Sahraouis pour leur dire que l'administration se réconcilie définitivement avec eux et qu'ils sont partie intégrante du Maroc.
C'est pourquoi l'une des missions essentielles dont a été chargé le Conseil est d'aider SM le Roi à préserver l'unité territoriale, de Tanger à Lagouira, l'unité nationale dont les Sahraouis font partie.
Ceux-ci doivent bénéficier d'une place politique, économique et culturelle assurée et qui ne disparaît pas au gré des circonstances ou des hallucinations de certains. C'est ce discours qui a touché les Sahraouis et fait du 25 mars une étape historique.
Question de Ali Anouzla : Celui qui écoute votre discours croirait que vous êtes un opposant, alors que vous faisiez partie de cette autorité qui représentait la tutelle. Nous n'avons jamais entendu la voix de Khali concernant les détentions et les enlèvements.
Vous étiez ministre durant 12 ans, l'équivalent de quatre administrations en Amérique. Nous ne vous avons jamais entendu protester contre la tutelle. Nous n'avons jamais entendu un tel discours de votre part. Qu'est ce qui s'est passé du jour au lendemain ?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Premièrement: j'étais au gouvernement pendant une période de guerre, et celle-ci a des règles. il n'y avait pas de dialogue. Et sous cette guerre, j'étais chargé d'une mission, à savoir le développement des provinces sahraouies en plus des missions diplomatiques de défense de la cause de notre intégrité territoriale.
Mais je défendais aussi la place des sahraouis et la renonciation à la détention. Nous avons libéré plusieurs personnes et nous avons fait de sorte que les choses aillent moins mal. Les choses étaient mauvaises pour d'autres raisons que tout le monde connaît.
Mostapha Alaoui : Maintenant le problème est maroco-marocain et l'autre partie que vous appelez à la réconciliation dit qu'elle est un état établi, avec une armée et des moyens et entreprend des activités diplomatiques et de communication et qu'il est reconnu par 80 états.
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : C'est une chimère. il n'y a pas d'Etat, un point c'est tout. Il y a une organisation qui s'appelle le front polisario. L'affaire Tifariti a été gonflée par notre presse. il s'agit d'individus qui sont venus de Tindouf avec leur bagage qu'ils ont ramené après la fin de la cérémonie. Ceux qui ne connaissent pas la région ne comprennent pas cette affaire.
Mustapha Iraqui : Le Polisario est venu effectivement à Tifariti. il a violé le droit international et provoqué le Maroc. Nous considérons la visite royale dans les provinces du sud comme une grande et responsable réponse à cette opération.
Réponse: La visite royale n'est pas une réponse à Tifariti.
Mustapha Iraqui : L'un de ses objectifs était de répondre aux provocations algériennes de célébrer la création de la république sahraouie.
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Les festivités de Tifariti étaient pour ceux qui connaissent le Polisario, de moindre importance que celles organisées auparavant. il n'y a pas eu de grandes manifestations. L'opération de Tifariti relevait plutôt de la propagande du Polisario pour dire qu'il existe toujours. il n'y a pas 80 Etats qui reconnaissent le Polisario, mais seulement 35, dont la majorité connaissent des problèmes ou appartiennent à des lies de l'océan pacifique.
Mostapha Alaoui: Et la république arabe sahraouie !
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Il n'y a pas de république arabe sahraouie démocratique qui n'existe que sur Internet. Les critères qui définissent l'existence d'un Etat ne s'appliquent pas à cette république qui n'a ni terre, ni peuple, ni administration et ne dispose pas des constantes de souveraineté.
Mostapha Alaoui : Ils disent qu'ils ont libéré Tifariti.
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Les habitants des camps qui nous écoutent en ce moment savent bien qu'il n'y a pas de république. Il n'y a qu'une organisation politico-militaire dans des camps qui tous se trouvent en territoire algérien. Tifariti est aujourd'hui vide et n'abrite aucun camp, ni logement.
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