Retour vers débats vidéos << Précedent (Partie II) Suivant (Partie IV) >>
Hiwar RTM partie III
M. Alaoui: Comment leur proposer ce principe d'autonomie alors qu'ils ne croient qu'à la séparation?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Grâce à la réconciliation. Car, quand l'individu se réconcilie, il oublie le passé. Nous leur disons que le Maroc a changé. C'est ce que Sa Majesté a dit à Laâyoune. Premièrement, que les sahraouis ne sont pas le polisario qui ne représente que la partie se trouvant sous son administration sécuritaire et politique dans les camps de Tindouf.
Je ne dis pas qu'il contrôle tous les camps, mais il a une administration sécuritaire, militaire et politique dans des camps bien précis et les Sahraouis qui nous écoutent savent bien que le polisario n'a réalisé aucun de ses objectifs.
Il n'a pas gagné militairement, n'a pas réussi à organiser le référendum et n'a pas établi un Etat sur le territoire, et par-là j'entends Laâyoune, Dakhla, Boujdor, Aousserd ou Smara. C'est à dire sur le territoire qui était sous colonisation espagnole.
Le polisario a connu un échec flagrant durant 30 années puisqu'il n'a réalisé aucun des objectifs pour lesquels il a été constitué et tous les Sahraouis savent qu'il n'a pas réussi. C'est pourquoi il est devenu urgent que les Sahraouis optent pour une autre solution qui leur assure les droits pour lesquels les gens se sont sacrifiés et ont lutté sans renier leur pays.
Ali Anouzla : Si on suit votre analyse, il apparaît que parmi les objectifs de la constitution de ce Conseil figure la préparation de l'autonomie. Effectivement, pour que cette autonomie soit acceptée par l'autre partie, il faudrait qu'elle en soit partie intégrante.
Et si on prend en considération l'analyse disant que le polisario n'est qu'une simple organisation politique et militaire, mais disposant d'une certaine sympathie à l'intérieur des provinces sahariennes, pourquoi on n'a pas pensé à une représentation de cette organisation au sein du Conseil?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : L'autonomie est soumise à tous les Sahraouis et le Polsiario en est une partie. L'autonomie est proposée à titre d'alternative au séparatisme, cette dernière option étant d'ailleurs impossible au Sahara.
Nous dialoguons avec les Sahraouis partout où ils sont, en Algérie, en Mauritanie ou en Espagne car, il s'agit d'un projet qui les concerne.
Nous dirons aux Sahraouis: vous vous plaignez et vous protestez contre la marginalisation, le mauvais traitement. Vous dites que vous n'avez pas de place politique au sein de l'Etat marocain, que vous n'avez plus cette relation historique que vous entreteniez avec Sa Majesté le Roi depuis le règne de Moulay Ismaïl.
Aujourd'hui vous disposez de tout ceci au Maroc nouveau. Nous vous invitons à rentrer car, la guerre ne peut assurément pas conduire à la paix, et le Polisario, qui bataillait entre Laâyoune et Daoura, à quelque 40 Km de Laâyoune, campent aujourd'hui, comme vous le savez, dans les parages de Lahmada, près de Rabouni, ce qui est un signe évident d'une défaite cuisante pour lui.
Il est évident que la guerre ne peut conforter l'objectif du Polisario de créer un Etat indépendant malgré le recours à des armes sophistiquées comme les SAM-8, SAM-6, SAM-2 et autres armes de pointe dont l'utilisation n'a apporté aucune victoire significative que recherchent toutes les organisations militaires.
Il est tout aussi évident que l'organisation d'un référendum est impossible. Les Nations-unies avaient retenu la liste de tribus bien déterminées, à savoir celles représentées au sein du Conseil, mais les membres de ces tribus ne résident pas seulement en territoire marocain. Ils sont également en Algérie et en Mauritanie.
De ce fait, l'organisation d'un référendum requiert que l'on aille à la rencontre de ces tribus au-delà du Maroc, que l'on modifie les frontières, ce qui est impossible. TI faudrait y aller de Laâbadla, au sud, à Aididi, de Laâbadla à Al-Arak, de Laâbadla aux frontières du Mali.
Il faudrait l'organiser à Zouerate, Deir et Nouadibou, au Boulebard qui coupe Bouizkame en deux dans le sud, ce qui est inimaginable.
Ali Anouzla : y a-t-il des initiatives en direction du Polisario pour l'entretenir de vos propositions et idées ?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Naturellement. Il s'agit d'une démarche ouverte à tout moment, en tout temps et en tout lieu.
Question/Mustapha A1aoui : En somme, vos propos laissent penser que le Front Polisario pourrait devenir, dans le cadre de l'autonomie, un parti d'opposition?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Non, Non. Ce sera un parti participant. Ce ne sera pas un opposant, mais un participant. Si, au Polisario, Mohamed Abdelaziz veut devenir le Premier président de l'autonomie, nous sommes prêts à lui apporter notre soutien. Notre mission essentielle est de soustraire les Sahraouis au séparatisme, de convaincre l'Algérie de cesser son soutien aux séparatistes et d'aider les unionistes revendiquant l'autonomie.
Question de Mustapha Alaoui : Peut-on considérer l'autonomie comme une forme d'autodétermination?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Oui. Et les exemples ne manquent pas. L'autonomie est le sommet de l'autodétermination. L'organisation basque Eta a instauré un cessez-le¬feu permanent avec le gouvernement espagnol en faisant une concession historique sur l'autodétermination séparatiste et en se ralliant à une autodétermination menant à l'autonomie.
En Irlande du Nord, l'''Armée irlandaise" et le "Sinn Fein" ont concédé l'autodétermination débouchant sur le séparatisme et accepté l'autodétermination d'intégration au Royaume Uni. Ce ne sont d'ailleurs pas les seuls exemples en la matière.
L'autonomie est une forme très évoluée de l'autodétermination, qui permet aux gens de gérer eux-mêmes leurs affaires dans un cadre de démocratie, de liberté, de dignité, ce qui, précisément, convient le mieux aux Sahraouis.
Nul parmi les Sahraouis, aussi bien ceux qui se trouvent actuellement à Tindouf que ceux qui sont aill~urs, ne peut dire que son père, sa mère ou son grand-père n'était pas marocain depuis fort longtemps. Leurs parents étaient dans l'Armée de Libération.
Ils disposaient tous de la carte nationale. Ils ont tous pleuré, en prenant position aux côtés de Sa Majesté Hassan II à la suite de la tentative de coup d'Etat de Skhirat.
Ce sont les mêmes qui sont maintenant dans les camps. Les Sahraouis sont donc marocains qui ont besoin d'une certaine compréhension, de sérieux, de confiance, de transparence et d'honnêteté pour rallier cette autorité.
Question: En 2003, l'autonomie avait été rejetée pour la simple raison qu'elle n'était pas assortie du principe d'autodétermination à la fin de la période transitoire, comme spécifié dans les propositions de James Baker. V ous êtes maintenant appelé à présenter au Maroc une proposition à soumettre aux Nations-unis et si cette proposition ne prévoit pas de référendum, croyez-vous que les autres parties, l'autre partie et la communauté internationale allaient l'agréer?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : L'opération d'identification n'a pas de précédent aux Nations unies.
Depuis 1945, l'ONU n'a jamais organisé une opération d'identification.
IIy a eu certes des référendums dans des régions où il y avait des problèmes religieux, ethnique, territorial ou historique.
Intervention d'Anouzla : Il s'agit de l'affaire du Sahara et il y avait un plan de règlement basé essentiellement sur le référendum, mais cela a été transcendé...
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Non, non. Le Polisario continue de réclamer l'autodétermination ...
Autre intervention: Mais entre temps, il y avait un plan entre l'autodétermination...
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Pour quelle raison les Nations-unies disent-elles que, techniquement, cette consultation est impossible? Parce que si vous voulez consulter les Sahraouis sur l'autodétermination, il faudrait le faire auprès de tous les Sahraouis, il faudrait les consulter tous, pas seulement le Sahraouis de Tindouf, qui est Sahraoui algérien.
Si l'on veut consulter ce Sahraoui, il faudrait le faire pour le tout Tindouf, pas seulement à Laâyoune. Et le Sahraoui Mauritanien, qui est un Sahraoui d'origine, de Zouerate : si nous voulons le consulter sur l'avenir du Sahara, il faudrait y aller sur le territoire de Zouerate !
Question /Mustapha Alaoui : A votre avis, comment peut -on imaginer un référendum alors qu'il y a Etat ?
M. Khali Henna Ou Id Errachid : Cela à fait partie des ... à discuter.
Question Mustapha Iraki : V ous ne voyez pas que vous avez parlé de larges attributions de ce Conseil, pas forcément celles contenues dans le discours et le Dahir de Sa Majesté le Roi ?
Intervention de Khali Henna Ould Errachid : Avez-vous lu le Dahir?
...Oui, j'ai lu le Dahir. L'affaire du Sahara est une affaire nationale, celle de tous les partis. TI y a des lignes rouges à ne pas dépasser en ce domaine, aussi bien en ce qui concerne l'autonomie qu'en ce qui avait trait au référendum.
Des partis nationalistes, comme l'Istiqlal et l'Union socialiste des forces populaires, c'est-à-dire des formations de la ligné du mouvement national, ont lutté pendant des décennies pour la libération du Sahara et, maintenant, en y intervenant, vous donné l'air d'avoir l'affaire du Sahara sous votre tutelle?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Non, c'est faux ... Le Dahir fixe au Conseil une mission essentielle en trois volets: Assister Sa Majesté le Roi, à l'exclusion de toute autre institution, pour la préservation de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Royaume du Maroc.
Les partis sont parties prenantes de l'unité nationale du Royaume du Maroc.
QuestionlMustapha AIaoui : Nous savons que l'audition directe des Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf est chose apparemment ardue...
Intervention de Khali Henna Ould Errachid : Sommes-nous d'accord qu'un référendum d'autodétermination est impossible à réaliser?
Intervention: C'est votre avis, et je le respecte.
M. Khali Henna Ould Errachid : C'est l'avis des Sahraouis. C'est une grande question. Si nous voulons organiser un référendum d'autodétermination des Sahraouis sur la base de l'identification des votants, il faut changer...Le Maroc a rejeté le Plan Baker, sachant qu'on ne peut s'y engager en tant qu'option. Le Maroc le rejette...
Un referendum sur un espace territoriale allant de Bouizakame au sud à Lagouira, de Laâbadla au sud à Tindouf, d'Oum Grine à Nouadibou, ne me fait pas peur.
QuestionlMustapha Alaoui : Dans tout cela, où mettre l'Algérie alors?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : L'Algérie est d'abord un pays frère. Très proche. L'Algérie, Etat et peuple, est un pays frère très proche. C'est aussi un voisin et le voisin à des droits et des obligations. Parmi les pays du Maghreb arabe, c'est l'Etat le plus proche du Maroc au plan du peuple, de la langue, des traditions et du comportement.
Depuis longtemps, j'entends l'Algérie, à divers niveaux, celui du Président de la République, de son représentant, du ministre des affaires étrangères, des principaux partis, de tous les Algériens qui en parlent, dire de vive voix et à tout le monde, à tous les Etats, à leur propre peuple et au nôtre : "l'Algérie n'est pour rien dans la question du Sahara et nous ne sommes pas partie dans cette affaire, qui est une affaire entre le Maroc et les Sahraouis".
Vous n'êtes pas sans connaître le Hadith très populaire du Prophète -que la prière et le salut soient sur lui - qui dit: "j'ai reçu l'instruction de juger les gens selon leurs apparences et non selon ce qu'ils ont en secret".
Voilà un Etat respectable, qui a une histoire glorieuse, qui a mené une guerre de libération tout aussi glorieuse de l'avis du monde entier, et dont les dirigeants, qui ont leur fierté, ont dit qu'ils ne sont pas concernés. Comment voulez-vous qu'ils s'immiscent dans cette affaire alors qu'ils disent eux-mêmes qu'ils ne sont pas concernés?
Les Algériens, dont le Président de la République, disent qu'ils ne sont pas partie prenante: Oui, vous n'êtes pas une partie et vous ne devriez pas l'être.
M. Mustapha Alaoui : Le 27 février 2002, le Président algérien Bouteflika avait visité la pseudo république sahraouie dans les camps de Tindouf et adressé un message au chef du Polisario lui affirmant que son pays n'accepterait jamais la consécration du fait accompli.
Le 8-2-2004, le Président algérien adresse une lettre au Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan lui réaffirmant que la question du Sahara est une affaire de décolonisation, que le conflit oppose "le peuple sahraoui et la force d'occupation" -c'est-à-dire nous, Monsieur le Président- et qu'il ne s'agit pas d'un problème maroco-algérien.
Un accueil officiel a été réservé à Abdelaziz marrakchi par le président Bouteflika, ce qui signifie que le problème est maroco-algérien?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Le problème n'est pas maroco-algérien. L'Algérie, qui s'est immiscée dans la question du Sahara au niveau arabe, était celle d'antan, l'Algérie totalitaire où le président actuel était son chef de diplomatie.
Il y a deux jours à Washington, l'actuel ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bjaoui a déclaré que son pays n'est pas une partie prenante dans le problème du Sahara. Avant, le Royaume ne disposait pas d'un projet réel. Nous parlions désormais de la possibilité d'un projet.
Je suis l'un des témoins qui dit bien que l'Algérie, malgré tout ce qui s'était produit, n'est pas concernée par cette question. Je juge les choses par leurs résultats, je suis pragmatique.
Intervention de Mohamed Ayyadi: La communauté internationale s'oriente vers la solution politique.
M. Khallihenna Oueld Errachid :Elle ne disposait pas d'un projet réel et bien défini. Actuellement, il existe le projet d'autonomie. SM le Roi a consulté les partis politiques et agira de même avec le Conseil consultatif dans les jours qui viennent à propos de cette question en vue d'élaborer le projet marocain.
C'est la raison pour laquelle ce projet n'a pas été présenté en avril aux Nations unies. Il y a des consultations en cours. Le Conseil a tenu sa 1 ère session, du 4 au 6 avril et nous n'avons pas tenu une session consacrée exclusivement à l'examen de ce sujet.
Question d'Ali Anouzla: Quelle est votre proposition concernant l'autonomie?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Je dis que l'Algérie, malgré tout ce qu'on dit, est un Etat conscient, sage et clairvoyant dans les circonstances. Moi, par exemple, j'ai vécu de près la période de la guerre de par ma position de membre du Conseil suprême de la Défense. TI y avait des choses très graves et l'Algérie n'avait entrepris aucune initiative susceptible de conduire à l'irréparable.
Actuellement, notre objectif est de trouver une issue et non de compliquer les choses. C'est pourquoi l'Algérie dit qu'elle n'est pas partie prenante. Ma sœur, si tu n'es pas partie, pourquoi reconnais-tu un Etat qui n'est pas édifié sur la base de résolutions? Premièrement, nous devons justifier qu'elle n'est pas partie et je suis d'accord avec elle, puisque c'est justement elle qui le déclare.
Intervention de M. Alaoui: Et le corps de l'armée qui se trouve à Tindouf?
Réponse de M. Khalihenna Ould Errachid : Les Algériens ont accueilli nos cousins dans les camps de Tindouf.
Nous les remercions de nous avoir accueilli et d'avoir fourni des aides humanitaires, mais nous leur disons que l'hospitalité légitime n'excède pas trois jours. Car après, elle devient illégitime et encombrante.
Nous, nous affirmons que le projet marocain est une solution pour toutes les parties. Tout d'abord, il s'agit de sauver la face de toutes les parties. L'Algérie, tu es un Etat, ayant des principes et une histoire, qui a parrainé des fils en discorde avec leurs parents sur ton sol.
Que Dieu te récompense sur cette action, une tradition des Musulmans et des Arabes. Mais actuellement, la question c'est que tu es incapable de te mettre d'accord avec nous sur ce sujet. Les personnes n'avaient pas des choses garanties.
Actuellement, elles en disposent. Les personnes établies dans les camps ne reviendront pas sous la menace, vaincus ou en capitulant et baissant la tête. Non, tout ce que tu as défendu pour une situation politique est garanti par l'autonomie.
Tout ce que tu as défendu pour une place économique est garanti par l'autonomie. Tout ce que tu as défendu pour garantir une situation économique et culturelle et sceller le lien avec SM le Roi du Maroc est garanti par l'autonomie. Vous ne serez pas vaincus si vous acceptez l'autonomie.
L'Algérie, quant à toi, que le Tout-Puissant te récompense, tu es parvenu à ton but, celui d'accueillir des personnes jusqu'à ce qu'ils aient concrétisé leur objectif escompté. Ceci est une question qui concerne tout le monde.
L'autonomie sauve la face de toutes les parties et jette les bases fondamentales po~ l'édification du Maghreb arabe, la réconciliation, la fraternité et la solidarité.
Nous allons discuter avec les Algériens, nous allons nous rendre chez eux. Je vais demander l'autorisation de SM le Roi, que Dieu L'assiste, pour rencontrer le président Bouteflika.
Retour vers débats vidéos << Précedent (Partie II) Suivant (Partie IV) >>